Art Brut

Le nom d'Art Brut est attribué à Jean Dubuffet "inventeur" du concept dès 1945, il marque alors la rupture avec l’art prétendument savant. Il perçoit dans cette création marginale une opération artistique pure et brute, réinventée à partir seulement de ses propres impulsions.

Selon certains critiques d'art, cette expression artistique portera plusieurs noms dont "outsider art" pour des œuvres frayant avec l’art naïf ou l'art populaire. l'Art Brut est en marge de l’art dit « culturel » tout comme l'est « l’art des fous » qui lui, évolue en dehors des critères académiques et qui reste indemne de toute éducation artistique.

l'Art Brut fut aussi relégué à la périphérie des "arts établis" avec comme titre "l'art dégénéré". Cet art est né dans le mental de ses auteurs qui n'ont jamais revendiqué le statut de précaution d’artiste, car souvent, ceux-ci mettent en œuvre des mythologies ou délires individuels échappant ainsi, et justement, aux contingences de la représentation du sensible et du sacré, en un mot, de leur vérité.
De ce fait, le qualificatif "d'art brut" n'a pas besoin d'alibi pour faire son chemin contre l'incidence des milieux intellectuels qui ne viendrait qu'altérer sa spontanéité et son authenticité.

L’Art Brut est réalisé par des créateurs autodidactes, indemnes de toute culture artistique, des marginaux retranchés dans leur monde qui créent sans se préoccuper ni de la critique du public, ni du regard d’autrui, et sans nul besoin de reconnaissance, ni d’approbation. Ils conçoivent un univers à leur propre usage, leurs travaux sont réalisés à partir de moyens et de matériaux généralement inédits et singuliers qui se détachent de "l’art classique" de "l’art à la mode" ou de "l'art intellectuel" et qui restent imperméables aux enjeux et aux circuits du marché.

En somme, et aussi paradoxal que cela puisse paraître, nous n’avons pas connu pareille remise en question sur le débat de "l’art en général" et ce, depuis près d'un siècle.
Car, quel lien y a t-il, entre l’urinoir de Marcel Duchamp, le Palais Idéal du Facteur Cheval et les bouts de bois, les cailloux et les bouteilles peints de Gaston Chaisac, le reconnaitre comme "Un Art Vrai" aurait été plus juste, plus profond et plus identitaire, cette vérité devrait être reconnue à tous ces artistes, dont les créations sont exponentielles, intemporelles et sans limites.

R B.

Textes originaux de René Bouvier, critique d'art

Photographies réalisées par Vanessa Abraham (Van Photo)

Traductions de Sara Scano